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Nouvelles du bord, jour 75: pilote & co

J'ai été bien occupé ces derniers jours à résoudre mes problèmes! Maintenant que je regarde l'écran, je ne sais plus par où commencer...


Enfin si, d'abord, félicitations à Armel et Alex pour une course incroyable. Ils ont bataillé sans relâche l'un et l'autre depuis leur échappée dans l'Atlantique Sud. Deux des bateaux les plus rapides de la flotte avec à leur barre 2 des marins les plus expérimentés (3e Vendée Globe pour Armel et 4e pour Alex) et le résultat est phénoménal: des records de vitesse battus et surtout une amélioration de 3 jours du record de François, incroyable. Je me rappelle quand j'étais enfant avoir suivi Steinlager II lors de son arrivée victorieuse en Nouvelle-Zélande alors que son équipage gagnait l'étape de la Whitbread (maintenant Volvo Ocean Race). Je m'étais dit que ça devait être vraiment spécial pour les marins néo-zélandais de gagner comme ça, à la maison. Je me demande à quoi pensait Armel en longeant la côte Bretonne la nuit dernière jusqu'à sa victoire aux Sables d'Olonne, mais ça devait être un peu similaire.


De retour dans ma course, j'en ai fini avec la côte Argentine à la place de la Bretagne, et là je vais m'attaquer à 1000 milles au près dans des vents légers et très variables. Quand je regarde les traces des bateaux qui sont passés ici avant moi avec des lignes droites, ça me laisse rêveur! Les manoeuvres vont s'enchainer car je dois aller un peu plus vers l'Est mais des bulles de haute pression se trouvent sur mon chemin, il va donc falloir zigzaguer au mieux. Même si les conditions "light" sont loin d'être ce que je préfère, ça me va bien après mes récentes aventures. Si vous avez vu ma vidéo aujourd'hui, imaginez la même chose dans 40 noeuds! La houle était énorme et le bateau tombait de chaque crête avec une telle violence que les vibrations allaient du haut du mât jusqu'à la quille. J'avais l'impression d'avoir un accident de voiture toutes les 2 minutes. Evidement c'est le moment qu'a choisi mon pilote automatique pour lâcher... donc je me suis retrouvé dans 40 noeuds, à la nuit tombante à barrer dans le cockpit tout en passant des coups de fils sur mon téléphone satellite pour essayer de trouver une solution pour le réparer. Et vous pensiez que votre journée au travail avait été compliquée? ;-) Je suis parti des Sables d'Olonne avec 2 pilotes automatique. Alors que plusieurs éléments ont arrêté de fonctionner depuis le départ, j'ai récupéré des éléments de l'un pour mettre sur l'autre et continuer à avancer. L'importance du pilote automatique est cruciale à bord puisque c'est l'unique tâche que l'on peut déléguer et on barre environ 10% du temps pendant notre course. Il faut changer et régler les voiles, faire la navigation, les constantes réparations et puis manger et dormir un peu quand même! Perdre son pilote est vraiment un désastre et quand tout s'est coupé dans 40 noeuds, le rappel était cruel! Pour pouvoir aller jouer aux électriciens, j'ai dû barrer avec mes genoux pendant que je manoeuvrai pour rouler la voile d'avant puis affaler la grand-voile. Une expérience pas très plaisante sur une mer formée, dans 40 noeuds et de nuit. Au final même si nous sommes des marins en solitaire, on se sent vraiment seul quand les lumières du pilote automatique disparaissent!



© Stan Thuret

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